Et si on parlait de la méditation dans le contexte professionnel ?

par | 3 Juil 2019

Chief Happiness Officer

 

Depuis quelques temps, et grâce notamment au travail de Christophe André, médecin psychiatre et praticien, qui l’a popularisé en France, on parle beaucoup des bienfaits de la méditation de pleine conscience pour l’esprit comme pour le corps. Est-ce une pratique réservée à la sphère personnelle ou bien peut-on en tirer des bénéfices dans le contexte professionnel ?

Chez Enquête de Sens, Nathalie est notre spécialiste : à la fois pratiquante de longue date et instructrice en méditation de pleine conscience, elle nous livre son point de vue.

 

Qu’est-ce que la méditation de pleine conscience ?

Aussi appelée pleine présence ou en Anglais « Mindfulness », elle est communément définie de la façon suivante : Porter attention, délibérément, instant après instant, au moment présent sans jugement. Le programme MBSR (Mindfulness based stress reduction) a été créé par le Professeur Jon Kabbat Zinn  aux Etats-Unis, il s’agit d’une méditation laïque, qui n’a aucune connotation religieuse.

 

Que t’apporte la méditation dans ta pratique professionnelle ?

 

J’ai commencé à m’intéresser à la méditation pour enrichir ma pratique de coach. Il me semblait important en effet de développer mon écoute et ma présence à l’autre pour être plus efficiente dans mon travail avec les personnes qui me faisaient confiance. La méditation me permet de me désengager de mes sensations et de mes pensées pour être en pleine présence pour le coaché. Le coaching suppose l’écoute et l’accueil inconditionnel : nous ne sommes pas là pour porter un jugement sur notre interlocuteur mais plutôt pour l’amener, par notre questionnement objectif, à trouver en lui les ressorts qui l’aideront. La méditation de pleine conscience m’a appris à identifier mes émotions et mes réactions, je peux ainsi les écarter lorsque je souhaite être en pleine présence pour l’autre.

Et dans l’entreprise, penses-tu que la méditation peut être utile ?

 

Les gens pensent parfois que la méditation est une démarche très autocentrée, assez peu compatible avec la nécessité de travailler ensemble du monde professionnel. En fait c’est tout le contraire ! En apprenant à se connaitre, on apprend à ne pas avoir peur de l’autre, à l’accepter pour ce qu’il est car on a commencé par s’accepter soi-même.

 

Concrètement j’y vois 3 intérêts principaux :

1– Développer son intelligence émotionnelle :

être capable de cerner et d’écouter l’émotion de l’autre, sans y poser son propre filtre mais de la comprendre pour ce qu’elle est. C’est très important dans les rapports aux autres, qu’il s’agisse de manager ou de convaincre des partenaires commerciaux.

2 -Mettre à distance les « distracteurs » :

développer son attention ça s’apprend ! et c’est tellement important dans notre activité quotidienne de ne pas se laisser envahir par les sollicitations digitales. Etre capable de porter toute son attention à un sujet, sans zapper sur son téléphone ou sur son mail, faites le test, ce n’est pas si facile !

3- Savoir s’arrêter et se poser :

prendre un temps de respiration, se remettre dans l’instant présent permet de développer sa concentration et de repartir de plus belle. On y voit plus clair dans ses priorités, on a l’esprit plus libre pour développer sa créativité. Et Finalement  la solution ou l’idée qui nous échappait depuis des heures s’impose d’elle-même, c’est spectaculaire !

Bon, et on fait comment pour s’y mettre ?

On peut méditer seul, d’ailleurs à partir d’un certain niveau la méditation devient « naturelle » et on la pratique de manière quasi-informelle. Certains en marchant ou en écoutant de la musique ou les bruits de la nature.

Les applis sur smartphone sont utiles aussi, à un premier niveau, pour se faire une première idée et acquérir quelques réflexes de respiration et de concentration.

Mais si l’on veut vraiment « entrer » dans la pratique, il faut un bon instructeur et commencer si possible avec un programme de méditation en groupe. L’intérêt du groupe réside bien sûr dans le partage. Il ne s’agit pas de déballer sa vie privée ou ses problèmes mais plutôt de partager l’expérience du moment, d’explorer ses émotions, et les schémas mentaux qui y sont attachés. Mieux connaître ses fonctionnements automatiques pour être  le plus possible en  réponse et non en réaction fasse aux événements et changements. Prendre le temps du choix. S’installer dans une certaine « libre-té » comme l’explique très bien Martin AYLWARD dans son livre « Ne te quitte pas ».

 

Et pour en savoir plus, vous pouvez écouter Christophe André sur France Inter : « le temps de méditer » tous les samedis de cet été à 19 h.